Déclaration de candidature
Le 04 septembre 2001 : Le Figaro, 05/09/2001 :"L'ancien ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin s'est porté hier candidat à l'élection présidentielle depuis sa mairie de Belfort
C'est bien connu, rien n'est pire que l'indifférence. Il ne faut donc « attendre aucun commentaire sur la candidature Chevènement de la part du premier ministre ni de son entourage », l'« entourage » en question dixit. Mais comme il faut bien que quelqu'un se charge de « mettre en évidence les contradictions de la démarche » de l'ancien ministre de l'Intérieur, le PS a été prié de s'activer.
Le PS, mais pas son premier secrétaire. François Hollande n'a pas l'intention d'exercer ses talents d'humoriste aux dépens de Jean-Pierre Chevènement. Quand il le fait avec Jacques Chirac, chacun comprend qu'il dit tout haut et souvent mieux que lui ce que pense Lionel Jospin. Le candidat « souverainiste » serait trop heureux de bénéficier du même traitement que le chef de l'État.
Le week-end dernier, à La Rochelle, d'autres éminences socialistes s'en sont donc prises au héros de Belfort. On accuse la gauche de faillir à sa mission de maintien de l'ordre ? La faute à qui si la criminalité a augmenté, sinon à celui qui, pendant quatre ans, a été chargé de la combattre ? Tous les coups sont désormais permis contre l'« ami » de Lionel Jospin, autrefois intouchable. Surtout quand l'attaquer permet, en prime, de se défausser de l'héritage peu glorieux de la gauche en matière de sécurité.
Certains ministres se piquent au jeu. A Bercy, au Budget, on distille des confidences sur la gestion de la place Beauvau entre 1997 et 2000: « Chevènement a eu beaucoup d'argent, qu'il a utilisé à acheter la paix sociale dans son ministère. Il ne faut pas s'étonner, dans ces conditions, que la mise en place de la police de proximité ait pris tant de retard ! »
Mais la stratégie des socialistes ne va guère au-delà de cette relecture circonstanciée de son bilan. A la tête d'un microparti (quatre mille adhérents et six députés), le président du Mouvement des Citoyens est électoralement intouchable. « On a peu de prise sur lui », reconnaît Philippe Bassinet, l'un des experts du PS.
Il est incontrôlable, il exaspère. Ses assauts répétés contre Lionel Jospin ternissent l'image de probité et de volontarisme que veut se donner le chef du gouvernement pour se distinguer de l'« autre tête » de l'exécutif.
Pis encore: le président du Mouvement des Citoyens, qui a prononcé le décès de la majorité plurielle, tend la main aux souverainistes de droite. Les socialistes, qui savent que Jean-Pierre Chevènement attendra le dernier moment pour délivrer une éventuelle consigne de vote, en sont réduits à espérer qu'il ne fera pas campagne en rejetant en bloc le bilan Jospin, et qu'il finira par appeler à voter pour le candidat socialiste au second tour.
« Il dit sur Jospin ce qu'il pouvait dire à une autre époque sur Mitterrand, mais il revient toujours », veut croire un proche du premier ministre. « Qu'il veuille attirer des électeurs de droite, pourquoi pas... Mais au bout du compte, il faudra qu'il s'inscrive dans une dynamique de gauche », assure François Hollande.
Afin de ne pas pousser Chevènement à la rupture, le PS se montre d'ailleurs moins exigeant avec le Mouvement des Citoyens qu'avec ses autres alliés. Il est prêt à conclure un accord législatif avec lui, même après l'élection présidentielle. « Nous laissons la porte ouverte jusqu'au bout », explique Bruno Le Roux, secrétaire national aux élections du PS.
Le parti de Lionel Jospin n'a guère d'autre choix. Sur les six députés que compte le MDC, quatre (Jean-Pierre Chevènement, Georges Sarre, Jean-Pierre Michel, Jacques Desallangre) sont, de l'avis même de la rue de Solferino, « inattaquables ». Michel Suchod en Dordogne et Pierre Carassus en Seine-et-Marne sont dans des situations plus délicates. « Mais il n'est pas de notre intérêt de faire gagner la droite », assure-t-on, la bouche en coeur, au PS. En espérant, sans y croire vraiment, que Jean-Pierre Chevènement finira par partager cette préoccupation."
Clip de campagne
Projet de campagne en dix points
1. Redonner force aux principes républicains : l'autorité de la loi, qui protège les faibles, doit être restaurée. La souveraineté du peuple ne doit pas être déléguée à Bruxelles ou ailleurs, la citoyenneté doit retrouver sa force ;
2. Une école efficace et exigeante : la transmission des savoirs, l'autorité de maîtres mieux formés, la concentration des efforts sur les matières indispensables à une bonne insertion dans la société ; l'école doit former à nouveau des citoyens ;
3. Une politique cohérente de sécurité, en évitant la démagogie sécuritaire comme l'angélisme : fermeté face à la délinquance et moyens accrus pour la prévention et l'insertion ;
4. Revaloriser le travail : améliorer la feuille de paie, rendre sa dignité au travail, stimuler la croissance pour aller vers le plein emploi sont des priorités ;
5. Reconstruire les services publics : il faut stopper le démantèlement en cours en refusant les diktats de Bruxelles ou de l'OMC. Il faut aussi reconstruire des services publics forts et efficaces ;
6. L'égalité entre les hommes et les femmes, en rendant effectif le principe d'un salaire égal pour un travail égal, en donnant aux femmes les moyens de concilier travail et vie familiale (crèches, bourses, assistantes maternelles) ;
7. Une retraite progressive avec des revenus décents : ce ne sont pas les fonds de pension, indexés sur la bourse, qui protégeront nos retraites, mais le retour au plein emploi de nos concitoyens ;
8. Mettre l'homme au cœur de notre environnement : réconcilier l'homme et la nature, remodeler nos villes, nos banlieues, mieux reconnaître et encourager le monde paysan ;
9. Rendre à la France ses capacités créatrices : un effort tout particulier doit être consenti en faveur de la science et de la culture, à travers une grande loi pour développer la recherche, l'ouverture de la France sur le monde ;
10. Une France qui agit dans le monde : nous devons être le moteur de projets ambitieux pour l'Europe, en respectant l'identité de chacune des nations qui la composent.
La France doit aussi porter dans le monde le message républicain : bien des peuples, notamment au Sud, l'attendent avec impatience.
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