Menu

Rassemblement Pour la République (RPR) - Jacques Chirac



Parti représenté : Rassemblement Pour la République (RPR)

Déclaration de candidature

Ina.fr - JT France 2 du 11/02/2002 - Chirac déclare sa candidature

Le Figaro - 12/02/2002 - Chirac "Oui, je suis candidat" par Anne Fulda

 A 69 jours du premier tour, le chef de l'Etat, qui a perdu des points dans les sondages ces dernières semaines, a officiellement annoncé hier son intention de briguer un second mandat. On attend désormais l'entrée en lice de Lionel Jospin, qui devrait normalementse déclarerà la fin du mois de février
Jacques Chirac a annoncé hier sa décision de briguer un second mandat présidentiel, coupant court aux spéculations sur sa stratégie électorale. « Oui je suis candidat », a déclaré le chef de l'Etat, en réponse à une question du maire RPR d'Avignon Marie-Josée Roig, prenant ainsi de vitesse le candidat « probable » Lionel Jospin, qui ne s'est toujours pas déclaré officiellement.

« J'ai décidé ma candidature il y a un certain temps. Je me suis dit qu'il fallait tout de même respecter les Français, ne pas les bousculer et leur donner l'occasion d'un vrai débat. Je n'en avais parlé à personne tout simplement pour éviter les fuites et les commentaires. » La voix un peu cassée, emmitouflé dans un manteau gris et le cou ceint d'une écharpe marron, Jacques Chirac est assis dans le compartiment de première classe du TGV Avignon-Paris 6118. A Paris des étudiants proches du RPR l'attendent sur le quai. Il vient d'annoncer qu'il était candidat à la présidentielle. Et pour bien montrer qu'il est un candidat comme les autres, il a désiré prendre le train, moyen de transport plus démocratique, et laisser le Falcon présidentiel rentrer vide d'Avignon.
Encore un peu tendu, Jacques Chirac poursuit son explication. A-t-il hâté sa déclaration de candidature à cause des affaires, des mauvais sondages ? Pas du tout, affirme-t-il, « une candidature, a fortiori à l'élection présidentielle, est quelque chose de profondément personnel et ne peut obéir à des vents extérieurs, des courants d'air ». Serait-ce alors l'irrésistible montée de Chevènement ? Non plus. « Il veut donner l'impression de quelque chose de nouveau. Ma foi, attendons », juge le chef de l'Etat dubitatif. « Evidemment, je ne me sens lié par qui ou quoi que ce soit, notamment par les décisions d'un parti politique. C'est une conception des choses qui date un peu. »

Le chef de l'Etat n'en dira guère plus. Les photographes massés devant le compartiment sont autorisés à faire quelques photos mais « sans rien demander à Jacques Chirac ». Les quelques passagers qui ont pu rester dans la rame, auront droit, eux, aux excuses du chef de l'Etat et de sa fille pour le dérangement.

Quelques heures auparavant, Jacques Chirac a donc prononcé les mots magiques. Oui, il est candidat. Malgré des rumeurs persistantes (nos éditions des 9 et 10 février et d'hier), l'information avait été soigneusement gardée secrète. En dehors de Jacques Chirac lui-même et de son épouse, deux personnes seulement, Claude Chirac, sa conseillère en communication, et Dominique de Villepin, le secrétaire général de l'Elysée, étaient au courant.
La veille, lorsqu'il dîne avec le maire d'Avignon et quelques collaborateurs en ville, le président ne dit pas un mot d'une éventuelle déclaration de candidature. Hier matin, quand il arrive un peu avant dix heures à l'espace Jeanne-Laurent à deux pas du palais des Papes, il prévient deux de ses collaboratrices du service de presse, Agathe Sanson et Frédérique Bayre. L'air grave, presque solennel, un peu ému, il leur déclare: « Je vais annoncer ce matin ma candidature. J'ai pris ma décision en conscience. Je veux le faire le plus simplement du monde sans mise en scène. »

Avant de se jeter à l'eau, le président de la République participe pendant plus d'une heure et demi à une réunion de travail sur l'initiative locale et la création d'entreprises. Les journalistes sont aux aguets. Ils ont remarqué le beau pupitre en Plexiglas installé devant la baie vitrée qui donne sur un magnifique paysage. Une image que les communiquants du chef de l'Etat entendent visiblement soigner puisque Michel Balloche, le responsable de la logistique chiraquienne, a disposé des filtres sur les vitres pour empêcher les reflets. Pendant la table ronde et tandis que la plupart de ses collaborateurs se sont évaporés, Jacques Chirac paraît un rien tendu. Le pied tressaille sous la table. Le président semble ailleurs; il déchiquette un petit morceau de papier et consulte furtivement une feuille posée devant lui. Un signe ? A 10 h 10, le chef de l'Etat tombe la veste: « Avignon est chaleureux. Il fait chaud, on pourrait peut-être tomber la veste, on sera plus libre »...
Le débat, un peu convenu, continue. Jacques Chirac s'efforce de montrer son intérêt. A 11 h 45, la réunion, filmée par deux caméras de télévision ce qui n'était jamais arrivé prend fin. Claude Chirac, très calme, affirme avec un grand sourire: « On a un quart d'heure d'avance, ça n'arrive jamais » et assure pieux mensonge que le pupitre qui trône à côté est destiné au maire d'Avignon: « Comme cela fait quatre fois que l'on vient à Avignon, on a voulu changer, on n'allait pas refaire l'accueil républicain en mairie. » Une fois la table ronde terminée, la fille du président entraîne à part Marie-Josée Roig. Elle glisse à l'officier de sécurité de Jacques Chirac: « On file dans le bureau. »

Jacques Chirac y restera près de trois quarts d'heures. Dans l'assistance, on commence à s'interroger. Les téléphones chauffent dur. A Avignon mais aussi à Paris. Depuis l'Elysée, Dominique de Villepin et Jérôme Monod se chargent d'annoncer « la » nouvelle aux hiérarques de la droite. Villepin « traite » Sarkozy. Monod « gère » Douste-Blazy.
A 12 h 15, Michel Balloche prend le micro: « On va faire un petit essai pour les radios pour voir si elles enregistrent bien. » Cette fois, le doute n'est plus permis. A 12 h 26, Jacques Chirac et le maire d'Avignon apparaissent côte à côte. Marie-Josée Roig lance, lyrique: « C'est la France tout entière qui vous attend. » Jacques Chirac reprend la parole. La voix un peu voilée, visiblement ému, il fait durer le suspense. « Je vous répondrai, mais je voudrais faire une ou deux réflexions très rapides. »
A 12 h 43 précises, il lance la fameuse phrase: « Oui, je suis candidat. » Dans l'assistance, un homme, chef d'entreprise, est content. Il savait avant les autres. A la fin de la table ronde, il avait pris à part Jacques Chirac pour l'inviter à venir visiter son entreprise. Le chef de l'Etat, sourire en coin, lui avait répondu: « Je ne vais pas pouvoir venir cette fois. Vous allez très vite savoir pourquoi. »


Projet de campagne en sept points

Le Figaro Magasine, 25/04/2002



Aucun commentaire: