La Campagne
Ina.fr - France 2, Journal de la nuit - 05/05/2002 - Réactions politiques/Législatives
Le Figaro. Le 22/04/2002
Libération - 08/06/2002 - Législatives - dispersion, piège à élections - Par Renaud DELY, Didier HASSOUX
41 millions d'électeurs appelés à départager 8446 candidats ce dimanche pour le premier tour du scrutin.
Malgré la division des deux camps, le risque de l'abstention et un FN en embuscade, la droite part favorite.
On prend les mêmes et on recommence ? Sept semaines après le premier tour de la présidentielle, 41 millions d'électeurs sont appelés aux urnes dimanche pour participer au premier tour des élections législatives. Un scrutin dont la configuration ressemble à celle du 21 avril: une multiplicité de candidatures - ils étaient 16 à prétendre à l'Elysée et sont encore 15 à concourir, en moyenne, par circonscription, contre 11 en 1997 -, une gauche et une droite qui se présentent en ordre dispersé, une extrême droite menaçante et une participation incertaine. Il y a cinq ans, l'abstention, en hausse quasi continue depuis trente ans, s'était élevée à 32,09 % des inscrits.
Le sursaut civique de l'entre-deux-tours de la présidentielle semblant s'être essoufflé, rien ne garantit que la participation progresse considérablement dimanche. Par rapport au scrutin présidentiel, un facteur a radicalement changé: lorsque avant le premier tour, le suspense planait sur l'issue de la compétition élyséenne, la victoire semble cette fois-ci promise à la droite. Sauve-qui-peut à gauche Depuis un mois, les socialistes payent les conséquences de l'inversion du calendrier électoral décidée par Lionel Jospin. Ils n'ont pas eu le temps de se remettre de la débâcle de leur champion.
Orphelins et dans l'impossibilité d'ouvrir dès maintenant le droit d'inventaire du jospinisme, ils ont mené une campagne très défensive dans le but à peine dissimulé de limiter les dégâts.
Une opération «sauve-qui-peut» mise en musique avec deux instruments: une hâtive inflexion à gauche de certaines de leurs propositions et l'exhumation du danger d'un «Etat-RPR», relooké Union pour la majorité présidentielle (UMP), concentrant «tous les pouvoirs». Pas suffisant pour réveiller un débat anesthésié par la droite. Fuyant la controverse avec la gauche, Jacques Chirac, Jean-Pierre Raffarin, et leurs troupes de l'UMP se sont contentés de brandir le spectre de la cohabitation pour réclamer une «majorité claire et cohérente». Résultat de cette vraie-fausse campagne, malgré un resserrement de l'écart à l'approche de l'échéance, les sondages prédisent avec constance un large succès de l'UMP.
En 1997, la gauche plurielle avait recueilli 44,4 % des voix, les candidats RPR, UDF et divers droite n'atteignant au total que 36,5 % des suffrages exprimés. La majorité étant fixée à 289 sièges, la gauche en avait ainsi décroché 319. Cette année, c'est entre 340 et 410 députés de droite qu'annoncent les augures sondagiers. Ceux-ci se heurtent toutefois à un vrai souci de méthode qui consiste à transformer des intentions de vote en sièges. Une difficulté accentuée par le grand nombre de circonscriptions dont le sort promet de se jouer dans une marge étroite, une évolution de deux ou trois points faisant basculer plusieurs dizaines de sièges d'un camp vers l'autre. L'inconnue du vote FN Autre élément de brouillage, l'incertitude que fait peser le FN sur l'issue de la joute.
En 1997, avec 15,07 % des suffrages exprimés, l'extrême droite avait atteint la barre de 12,5 % des inscrits, synonyme de présence au second tour, dans 132 circonscriptions sur 577. Le FN avait ainsi participé à 76 triangulaires, et 56 duels, soit avec la droite, soit avec la gauche. Dimanche, la répétition de la performance lepéniste du 21 avril (16,86 %) permettrait au FN de se maintenir dans 237 circonscriptions. Menacés, nombre de candidats de droite pourraient être tentés de transgresser entre les deux tours les consignes anti-FN de Jacques Chirac. C'est le péril que ressassent les socialistes.
L'UMP a donc cru bon jeudi de souhaiter que «dans un souci de clarté, seuls les deux candidats arrivés en tête du premier tour se maintiennent». L'UMP a même assuré qu'elle retirerait ses poulains arrivés au troisième rang «à l'exception des cas où le retrait conduirait à favoriser l'extrême droite». Dissidences à foison Sage précepte... qui risque de s'avérer superflu. Car plus encore qu'une abondance de triangulaires, l'émiettement des deux principaux camps risque de provoquer le 16 juin nombre de duels droite-FN ou gauche-FN. Si l'addition de l'abstention et des votes blancs et nuls atteint, par exemple, 30 % des inscrits, un candidat devra recueillir 17,85 % des suffrages exprimés pour se qualifier pour le tour final. Au vu de la multiplicité des candidatures, les prétendants arrivés en troisième position ne seront pas légion à remplir ce contrat.
Sous une façade unitaire, l'UMP chiraco-juppéenne n'a pas en effet réussi à fédérer toutes les droites. Le Premier ministre l'a reconnu jeudi soir. Jean-Pierre Raffarin s'est inquiété de «nombreuses dissidences». Les concurrents du même camp multiplient les appellations siamoises et entretiennent la confusion. Certains se revendiquent du «soutien de Jacques Chirac», d'autres se présentent «avec la majorité présidentielle», d'autres enfin se prétendent «soutenus par le gouvernement». De plurielle à désunie De son côté, la gauche plurielle, elle, a vécu. Si elle se veut «unie», elle n'a réussi à accoucher de candidatures «uniques» destinées à échapper à une élimination dès le premier tour que dans 34 circonscriptions. Ces maigres efforts de rassemblement pourraient également sauvegarder le PCF dont la seule ambition est de réussir à sauver l'existence de son groupe à l'Assemblée, soit 20 députés. Le Pôle républicain de Jean-Pierre Chevènement brouille un peu plus les cartes en étant présent dans plus de 400 circonscriptions.
Quant à l'extrême gauche, avec 1 280 candidats toutes obédiences confondues (LO, LCR, PT, etc.), elle espère engranger les fruits de sa percée présidentielle. Ultime conséquence de cette dispersion, les élus du premier tour, qui n'étaient déjà plus que 12 en 1997 contre 80 en 1993 et 122 en 1988, devraient être rarissimes dimanche soir. Parité oubliée Une chose est déjà sûre: parmi eux ne figurera aucune femme. Après la loi sur la parité, ce scrutin législatif devait pourtant consacrer la gente féminine. Comme la législation l'impose, un candidat sur deux devait être une femme, elles ne sont au final que 38,5 %. Les grandes formations politiques ont fait leur choix: elles préfèrent passer à la caisse plutôt que prendre un risque électoral (1). Le parti le moins «féminin» est l'UMP: moins d'un candidat sur cinq est une candidate.
L'argent est aussi le nerf de l'engagement d'une foultitude de microformations. Car l'inflation de candidats - 8 446 pour les 575 sièges restant à pourvoir (2) - s'explique d'abord par la législation sur le financement de la vie politique. Une moitié de l'aide publique est partagée entre les formations représentées au Parlement, l'autre est répartie entre les formations alignant au moins 50 candidats. Elles sont 32 cette année, contre 23 en 1997. A chacune d'entre elles, la loi accordera environ 1,70 euro par suffrage. Nombre de petits profiteurs sont donc déjà sûrs d'être gagnants dimanche soir. (1) Les partis qui ne respectent pas la parité sont assujettis à des amendes. (2) L'Assemblée compte 577 députés. Mais les Polynésiens ont déjà élu leurs deux représentants: Michel Buillard et Béatrice Vernaudon, soutenus, l'un comme l'autre, par l'UMP.
Le Figaro - 20/05/2002 - Législatives : La bataille commence
Le dépôt des candidatures est clos, la campagne est ouverte
Une droite qui veut transformer l'essai de la présidentielle, une gauche qui rêve de prendre sa revanche, une extrême gauche et une extrême droite qui souhaitent, une nouvelle fois, jouer les trouble-fête. Ainsi se présentent les élections législatives des 9 et 16 juin, alors que la campagne officielle s'ouvre ce matin et que le dépôt des candidatures est clos depuis hier minuit.
Les chiraquiens axent leur quête de victoire au Palais-Bourbon autour de l'action du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin et de l'Union pour la majorité présidentielle (UMP). La constitution de l'UMP est allée « au galop », pour reprendre une expression chère à Jean-Pierre Raffarin. Créée deux jours seulement après le premier tour de l'élection présidentielle, l'UMP a investi des candidats dans plus de 530 circonscriptions. Un temps réfractaire, le président de DL, Alain Madelin, s'est rallié à ce qu'il qualifiait il y a peu de « parti élyséen, unique et obligatoire ». Mais François Bayrou, convaincu que l'avenir y compris financier de sa formation est en danger, présentera ses propres listes UDF malgré les pressions.
A gauche, il a fallu parer au plus pressé après la débâcle présidentielle. Socialistes, communistes, Verts et radicaux de gauche sont parvenus à boucler un accord électoral à l'arraché aux termes duquel des candidatures communes seront menées dans 170 circonscriptions. Dans 34 d'entre elles, les quatre partis se rangeront derrière une candidature unique dès le premier tour.
A l'extrême droite, le Front national sera présent dans au moins 563 circonscriptions. Jean-Marie Le Pen, qui ne sera pas candidat, s'est fixé pour objectif d'« augmenter la portée de l'avertissement » de l'élection présidentielle.
En 1997, l'extrême droite s'était maintenue dans 132 circonscriptions, provoquant 76 triangulaires. Dans 47 cas, le candidat de gauche s'était imposé au second tour et la gauche plurielle avait obtenu la majorité à l'Assemblée nationale. A l'extrême gauche, Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire, qui ont esquissé un temps le projet de candidatures communes, iront également à la bataille chacune de son côté.
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