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Nomination du gouvernement définitif

Nomination du gouvernement définitif

Reuters - 17/06/2002 - France : Liste du gouvernement Raffarin


Voici la liste du nouveau gouvernement nommé lundi par Jacques Chirac sur proposition du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin:

- Ministre de l'Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales: Nicolas Sarkozy

- Ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité: François Fillon

- Garde des Sceaux, ministre de la Justice: Dominique Perben

- Ministre des Affaires étrangères: Dominique de Villepin

- Ministre de la Défense: Michèle Alliot-Marie

- Ministre de la Jeunesse, de l'Education nationale et de la Recherche: Luc Ferry

- Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie: Francis Mer

- Ministre de l'Equipement, des Transports, du Logement, du Tourisme et de la Mer: Gilles de Robien

- Ministre de l'Ecologie et du Développement durable: Roselyne Bachelot-Narquin

- Ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées: Jean-Francois Mattei

- Ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche et des Affaires rurales: Hervé Gaymard

- Ministre de la Culture et de la Communication: Jean-Jacques Aillagon

- Ministre de la Fonction publique, de la réforme de l'Etat et de l'Aménagement du territoire: Jean-Paul Delevoye

- Ministre de l'Outre-Mer: Brigitte Girardin

- Ministre des Sports: Jean-François Lamour

- Ministre délégué au Budget et à la réforme budgétaire: Alain Lambert

- Ministre déléguée à l'Industrie: Nicole Fontaine

- Ministre délégué aux Libertés locales: Patrick Devedjian

- Ministre délégué aux Affaires européennes: Noëlle Lenoir

- Ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie: Pierre-André Wiltzer

- Ministre délégué à l'Enseignement scolaire: Xavier Darcos

- Ministre déléguée à la Recherche et aux nouvelles technologies: Claudie Haigneré

- Ministre délégué au Commerce extérieur: François Loos

- Ministre délégué à la Ville et à la rénovation urbaine: Jean-Louis Borloo

- Ministre délégué à la famille: Christian Jacob

- Ministre déléguée à la Parité et à l'égalité professionnelle: Nicole Ameline

- Secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement: Jean-François Copé

- Secrétaire d'Etat au Développement durable: Tokia Saïfi

- Secrétaire d'Etat à la Lutte contre la précarité et l'exclusion: Dominique Versini

- Secrétaire d'Etat aux Personnes handicapées: Marie-Thérèse Boisseau

- Secrétaire d'Etat aux Petites et Moyennes entreprises, au Commerce, à l'Artisanat, aux Professions libérales et à la Consommation: Renaud Dutreil

- Secrétaire d'Etat aux Transports et à la Mer: Dominique Bussereau

- Secrétaire d'Etat à la Réforme de l'Etat: Henri Plagnol

- Secrétaire d'Etat au Tourisme: Léon Bertrand

- Secrétaire d'Etat aux Anciens combattants: Hamlaoui Mekachera

- Secrétaire d'Etat aux Personnes âgées: Hubert Falco

- Secrétaire d'Etat aux Programmes immobiliers de la justice:

Pierre Bédier

- Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères: Renaud Muselier


Le Figaro - 20/06/2002 - Chirac fixe au gouvernement une obligation de résultat - Par Guillaume TABARD

Le chef de l'Etat a réuni, hier à l'Elysée, le premier Conseil des ministres du second gouvernement de Jean-Pierre Raffarin

« La volonté nationale s'est exprimée et nous oblige tous », a dit hier Jacques Chirac, qui voit dans le résultat des législatives « un contrat d'engagement et d'action entre les Français et leurs représentants ». Selon le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, qui rendait compte de l'intervention du chef de l'Etat en préambule du Conseil des ministres, Jacques Chirac a souligné « le contraste entre l'attente très forte des Français et le rythme très lent de l'Etat et a demandé au gouvernement de s'extraire des pesanteurs qui ne manqueront pas de vouloir freiner ou infléchir le cours de l'action ».

Renaud Dutreil est sorti le premier, suivi du nouveau secrétaire d'État aux Anciens Combattants, Hamlaoui Mekachera, et d'un autre petit nouveau, Renaud Muselier, les mains dans les poches. A 11 h 40, le président de la République, le premier ministre et les 38 membres de « Raffarin II » sont en place sur les marches de l'Élysée, côté jardin, pour la traditionnelle photo. Les quelques gouttes de pluie qui avaient baptisé « Raffarin I » le 10 mai donnaient grise mine aux nouveaux ministres. Cette fois, le soleil les gratifie d'une discrète apparition, faisant ressortir les tailleurs rose dragée de Roselyne Bachelot, jaune moutarde de Marie-Thérèse Boisseau, vert pomme de Nicole Fontaine, bleu ciel de Nicole Ameline ou ocre sable de Tokia Saïfi.

Côté cour, caméras et micros guettent les bizuths du gouvernement. Mais quelques minutes avant, en leur souhaitant la bienvenue, Jacques Chirac avait fait un éloge de la « discrétion » qui avait valeur d'avertissement. Pierre-André Wiltzer, nouveau ministre de la Coopération, glisse simplement qu'il « racontera tout ça dans ses Mémoires ». Henri Plagnol, familier des médias, se fait sobre dans son nouveau costume de secrétaire d'État à la Réforme de l'État: « Le président a eu une pensée pour les nouveaux. Nous y avons bien entendu été très sensibles. » D'un naturel réservé, Hubert Falco, en charge des Personnes âgées, se dit « très ému » et « très impressionné ». Habitué au franc parler, Renaud Muselier, secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères, découvre la langue de bois pour louer « une équipe très motivée, très performante et très consciente des enjeux ».

Déjà très attendue, Noëlle Lenoir, le nouveau ministre des Affaires européennes, s'est fait encore plus attendre, retenue qu'elle était par une réunion préparatoire au sommet européen qui s'ouvre demain à Séville. L'étoile de ce premier Conseil des ministres du gouvernement « Raffarin II » fut donc Claudie Haigneré, nouveau ministre de la Recherche et des Nouvelles Technologies, cernée par les caméras de télévision. Elle aussi est pourtant restée sobre dans le commentaire: « Je découvre beaucoup de choses intéressantes. Il y a beaucoup de choses à prendre en compte, beaucoup d'informations. »

Le Conseil des ministres proprement dit a duré une heure et demie. Les premiers projets de loi de l'équipe Raffarin furent pour l'outre-mer (adaptation du droit en matière de transport, conditions d'entrée et de séjour en Nouvelle-Calédonie...). Nicolas Sarkozy a lu une communication sur le résultat des élections législatives et Luc Ferry une autre sur la lutte contre l'illettrisme.

Mais ce sont, bien sûr, les dix premières minutes qui ont surtout retenu l'attention des 38 ministres et secrétaires d'État. Dix minutes au cours desquelles le président de la République leur a fixé leur feuille de route après leur avoir donné l'assurance qu'ils participeront tous, secrétaires d'État compris, à l'ensemble des Conseils des ministres.

« La volonté nationale s'est exprimée et nous oblige tous », a commencé Jacques Chirac qui voit dans le résultat des législatives « un contrat d'engagement et d'action entre les Français et leurs représentants ». Le vainqueur de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle ne veut pas oublier les leçons du premier tour. « Le sentiment de ne pas avoir été entendu est une des explications de la montée des extrémismes. Vous devez faire en sorte que chaque Français se sente entendu, respecté et pris en compte. »

Surtout, « les Français attendent des résultats », a insisté le chef de l'État, comme l'avait fait à l'unisson le premier ministre durant toute la campagne. Depuis six semaines, Jean-Pierre Raffarin répète à chacune de ses interventions la liste des dossiers pour lesquels « le temps de l'action est venu ». Si les ministres les avaient oubliés, Jacques Chirac les a énumérés à nouveau: le rétablissement de la sécurité et de l'autorité de l'État, l'égalité des chances, la compétitivité économique de la France, la « nécessaire réduction des charges fiscales, sociales et administratives », sans oublier la solidarité, un thème qui lui a permis de donner un ultime coup de griffe à son ancien premier ministre aujourd'hui retiré de la vie politique: « Il n'est pas normal que cinq années de croissance n'aient pas permis de faire reculer la pauvreté dans notre pays. »

Retrouvant les accents de sa campagne de 1995, Jacques Chirac s'est ensuite livré à une leçon de volontarisme. Constatant « un contraste entre les attentes des Français et le rythme lent de l'État », il a demandé à ses ministres de « s'extraire des pesanteurs qui ne manqueront pas de freiner ou d'infléchir le cours de leur action ». Et de conclure son intervention par un double appel « à l'efficacité et au dialogue ». Ce qui suppose, entre autres, « le respect de l'opposition ».

C'est au nom de ce dialogue qu'il demande au premier ministre d'engager sa responsabilité chaque année devant le Parlement. Un Parlement qui, autre confirmation, se réunira en session extraordinaire en juillet pour examiner les quatre textes déjà annoncés par Jean-Pierre Raffarin (lois-programmes sur la sécurité et la justice, loi d'amnistie et le collectif budgétaire prévoyant la baisse des impôts), mais aussi le plan de baisse de charges pour l'embauche de jeunes peu qualifiés.




Graphique du nouvel hémicycle


L'hémicycle de la XII° législature (9 et 16 juin 2002)


Assemblée nationale XIIe législature






Résultats

Les résultats des élections législatives de juin 2002

Les résultats dans leur intégralité sont disponibles sur le site du ministère de l'intérieur. Pour y avoir accès cliquer ici.


Le Figaro - 08/06/2002 - Huit clés pour interpréter les résultats - Par Colette YSMAL et Sophie ROQUELLE


Multiplication des candidatures, formations nouvelles inclassables, complexité des alliances: la lecture des chiffres sera complexe

La lecture du premier tour des élections législatives va être assez complexe. D'une part en raison du grand nombre de candidatures et de la présence plus massive que précédemment de « formations politiques » plus ou moins inconnues et difficiles à classer sur l'échiquier politique. D'autre part en raison des alliances qui ont été conclues à droite comme à gauche. L'examen attentif de huit grandeurs clés devrait pourtant permettre d'interpréter le scrutin.

- 1 L'abstention

Alors que le premier tour de l'élection présidentielle avait été marqué par une faible participation signe de désintérêt pour la politique et d'insatisfaction à l'égard du choix proposé, le second tour avait, au contraire, avait donné lieu à une forte mobilisation des électeurs déterminés à éliminer Jean Marie Le Pen. D'un autre côté, on l'a vu en 1981 et 1988, lorsque des élections législatives suivent immédiatement une élection présidentielle la participation a tendance à baisser dans la mesure où les électeurs ont tendance à penser qu'en élisant le président de la République, ils ont accompli le geste décisif. Tout le problème est de savoir quel sentiment l'emportera. Une abstention autour de 20 % montrerait que le retour au civisme est confirmé. Un taux de 25 % serait un bon résultat si l'on se souvient qu'en 1997 l'abstentionnisme avait concerné 32 % du corps électoral. En revanche si 30 % des électeurs boudaient les urnes, le désintérêt pour le scrutin serait patent.

- 2 L'extrême gauche

Arlette Laguiller, Olivier Besancenot et D. Gluckstein, les trois candidats trotskistes, ont atteint 10,4 % des suffrages lors du premier tour de l'élection présidentielle. Ils ont, alors, profité d'un vote protestataire d'électeurs communistes et socialistes mécontents de la politique menée par la gauche plurielle. Les candidats de Lutte ouvrière, de la Ligue communiste révolutionnaire et ceux d'autres petites formations présentes dans toutes les circonscriptions vont-ils confirmer la percée de l'extrême gauche ? Il est assez improbable que l'extrême gauche retrouve son niveau de l'élection présidentielle. Les élections législatives, parce qu'elles ont une dimension locale qui avantage les notables, lui sont peu favorables. D'autre part un certain nombre d'électeurs ont semblé regretter, après le premier tour de l'élection présidentielle, leur vote pour les candidats trotskistes, geste d'humeur qui avait contribué à l'élimination de Lionel Jospin. Si les différentes tendances de l'extrême gauche cumulaient 8 % des voix, ce serait une confirmation de sa force et le signe que les électeurs ne se sont pas réconciliés avec les partis de la gauche traditionnelle. Un taux de 5 % serait un résultat moyen. Un score de 3 % marquerait un retour à la norme puisque l'extrême gauche avait atteint 2,6 % des suffrages en 1997.

- 3 Le Parti communiste

Le PCF a connu, lors de l'élection présidentielle, une véritable déroute (3,4 % des suffrages exprimés). Lors des élections législatives, la conjoncture est évidemment différente. D'une part le parti va bénéficier du fait qu'il est le candidat unique de la gauche dans un certain nombre de circonscriptions. D'autre part il va pouvoir compter sur ses députés sortants et sur des candidats souvent élus locaux. Dans ces conditions, si le PCF n'obtenait que 5 % des suffrages, ce serait une nouvelle défaite qui condamnerait, sans doute, le parti. Un pourcentage autour de 7 % marquerait une certaine reprise mais une reprise limitée puisque le PCF avait obtenu 9,9 % des voix en 1997. En revanche un score proche de celui de 1997 apparaîtrait comme un véritable succès.

- 4 Le PS et les Verts

Il est difficile de distinguer le Parti socialiste, les Radicaux de gauche et les Verts dans la mesure où ils ont conclu des accords électoraux et ont des candidatures communes. Mieux vaut s'intéresser au résultat de la coalition. Lors de l'élection présidentielle, Lionel Jospin, Christiane Taubira et Noël Mamère ont cumulé 23,2 % des suffrages exprimés. Pour ces élections législatives, les trois partis ont l'avantage de disposer de nombreux députés sortants qui peuvent bénéficier d'une certaine prime à l'élu bien implanté. Mais ils risquent aussi de subir les conséquences de la défaite de Lionel Jospin, qui pourraient bien démobiliser leurs électorats. Un score autour de 24 % sonnerait comme une véritable déroute. Un résultat situé à 28 % des exprimés montrerait une bonne résistance de la coalition dans une conjoncture difficile. Enfin, si le PS, le PRG et les Verts atteignaient 32 % des suffrages, on pourrait y voir le signe d'un rétablissement.

- 5 Le Pôle républicain.

Jean-Pierre Chevènement a définitivement fait sécession d'avec ses amis socialistes et le pôle républicain sera présent dans presque toutes les circonscriptions. Dans ces élections le nouveau parti joue probablement son avenir comme formation autonome. L'ancien ministre de l'Intérieur a obtenu 5,3 % des suffrages exprimés lors du premier tour de l'élection présidentielle. Si son parti retrouvait ce niveau, ce serait le succès. Un score autour de 3 % pourrait permettre au parti d'exister. Tout résultat inférieur marquerait l'échec de la tentative de créer un parti républicain ni de gauche ni de droite.

- 6 La droite modérée

En dépit de la création de l'Union pour la majorité présidentielle, la droite modérée se présente assez divisée en raison d'un côté de nombreuses dissidences et de l'autre de la concurrence de l'UDF dont les candidats sont parfois investis par l'UMP, parfois soutenus, parfois ni investis ni soutenus mais sans concurrents UMP et enfin engagés dans des primaires. C'est donc le score global de l'UMP, de l'UDF et des divers droite qu'il faut examiner. Lors des élections législatives de 1997, le RPR, l'UDF et les divers droite avait recueilli 36,2 % des suffrages exprimés. Lors du premier tour de l'élection présidentielle, François Bayrou, Jacques Chirac, Alain Madelin et Christine Boutin ont cumulé 31,8 % des voix. Tout le problème est de savoir quelle va être la dynamique née de la réélection de Jacques Chirac et de la formation du gouvernement. Si la droite modérée n'obtenait que 36 % des suffrages, on devrait parler d'échec. Un score de 39 % serait un résultat tout juste moyen. En revanche, un résultat autour de 42 % serait un triomphe et annoncerait une majorité écrasante à l'Assemblée nationale.

- 7 L'extrême droite.

Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret ont obtenu 19,2 % lors du premier tour de l'élection présidentielle soit 4 points de plus que le score du seul Front national lors des élections législatives de 1997 (15,3 %). L'expérience de 1988 et de 1995-1997 a montré que l'électorat du Front national était, en général, fidèle tant il est structuré par des motivations spécifiques (immigration et insécurité notamment). La situation de 2002 est un peu particulière. D'un côté le souvenir du second tour de l'élection présidentielle, référendum contre Jean-Marie Le Pen peut contribuer à mobiliser l'électorat d'extrême droite autour des candidats FN ou MNR. De l'autre, la réélection de Jacques Chirac et surtout les discours du gouvernement Raffarin sur la sécurité peuvent attirer une partie des électeurs pressés par ailleurs d'éliminer la gauche pour au moins cinq années. Si l'extrême droite atteignait seulement 14 % des suffrages, on pourrait parler d'un certain reflux et d'un certain succès de la stratégie gouvernementale. Un score de 17 % serait la confirmation de l'influence de l'extrême droite. Enfin un résultat autour de 20 % montrerait que celle-ci peut toujours progresser.

Au sein de cet ensemble, il faut par ailleurs surveiller le score du MNR. En ne recueillant que 2,3 % des voix lors de l'élection présidentielle, Bruno Mégret a échoué à implanter une droite extrême plus respectable que le FN. La personnalité de Jean-Marie Le Pen le freine dans ses ambitions. Réussira-t-il mieux dans le cadre d'un scrutin où le président du FN est moins en première ligne et où lui-même dispose d'un appareil partisan ainsi que d'un réseau d'élus ?

- 8 L'équilibre droite gauche

Comme lors des élections législatives de 1997 (51,5 %), les droites (droite modérée et extrême droite) ont été majoritaires lors du premier tour de l'élection présidentielle (51 %). En 1997, les gauches (extrême gauche, PCF, PS, PRG, MDC, divers gauche, Verts) avaient atteint 44 % des suffrages mais elles n'atteignaient que 37,2 % lors de l'élection présidentielle (42,8 % si on y inclut Jean-Pierre Chevènement). Pour gagner cette fois la gauche doit s'assurer au moins 45 % des voix; pour que l'UMP et ses alliés l'emportent, l'ensemble des droites doivent convaincre au moins 55 % des électeurs qui vont aux urnes


Libération - 17/06/2002 - Après la gauche plurielle, la gauche plus rien - Par Renaud DELY


A 39,2 %, le taux d'abstention atteint un nouveau record pour un deuxième tour de législatives

L'UMP obtient la majorité absolue, le PS évite le naufrage de peu, mais ses alliés ont souffert.

Pas de sursaut de la gauche, pas non plus de véritable amplification du succès annoncé de la droite, le second tour des élections législatives apparaît surtout comme une confirmation du premier. Avec en toile de fond un vrai raz de marée... de l'abstention, qui bat un nouveau record en atteignant 39,2 % des électeurs inscrits.
Assurée dès le 9 juin, la victoire de la droite s'est concrétisée hier par une majorité absolue de l'UMP. Selon les estimations disponibles à 23 heures, la nouvelle formation chiraquienne obtiendrait environ 370 députés, la majorité étant fixée à 289 sièges. Une large marge à laquelle il convient d'ajouter les 20 à 25 sièges glanés par l'UDF de Bayrou, qui réussit son pari de constituer un groupe autonome au Palais-Bourbon.
Plus inattendu, le PCF, malgré l'échec de son président, Robert Hue (5e du Val-d'Oise), sauve lui aussi son groupe parlementaire en dépassant de justesse la barre des 20 députés. Le Parti socialiste et les divers gauche, qui disposaient de 254 sortants, ne conserveraient, eux, qu'environ 160 sièges. Les Verts, qui avaient obtenu sept élus en 1997, ne décrochent cette fois-ci que trois députés.
Quant aux chevènementistes du Pôle républicain, décimés, ils n'obtiennent aucun élu, Jean-Pierre Chevènement lui-même étant nettement battu dans la 2e circonscription du Territoire de Belfort. Manque de réserves. Le FN ne fait pas mieux: l'extrême droite avait empoché un élu en 1997, elle échoue cette fois aux portes de l'Assemblée, le maire d'Orange, Jacques Bompard, étant nettement devancé par le sortant Thierry Mariani (UMP) dans la 4e du Vaucluse, tandis que Marine Le Pen est écrasée par le sortant PS Bois dans la 13e du Pas-de-Calais.

En moyenne, les 469 duels droite-gauche (sur 519 sièges qui restaient à pourvoir) qui se sont déroulés hier ont accordé 52,5 % des voix à la droite, contre 47,5 % à la gauche. Au total, si la gauche n'est pas parvenue à redresser une situation compromise au premier tour, c'est d'abord qu'elle n'a pas trouvé de secours du côté des abstentionnistes du 9 juin. Pis, l'abstention a progressé hier de plus de 3 points par rapport au premier tour, où elle s'était élevée à 35,58 %.
Le même phénomène s'était déjà produit à trois reprises, en 1967, 1968 et 1993: à chaque fois, la participation avait fléchi de deux points d'un tour à l'autre. Mais l'abstention demeurait alors confinée à des niveaux nettement moins importants. Il y a cinq ans, elle avait même reculé de trois points en une semaine pour s'établir à 28,54 % au second tour. Pour sauver les meubles, le PS plaidait sans relâche depuis une semaine pour un «rééquilibrage de la démocratie», afin de conjurer le spectre d'une déferlante UMP. En vain. Malgré les supplications, les renforts ne sont jamais arrivés. Parachutages. Ils auraient pourtant pu inverser l'issue d'une soixantaine de joutes serrées dont le sort s'est joué à moins de deux points d'écart.

L'incapacité de la gauche à trouver des secours a été fatale à de nombreux poids lourds socialistes battus de peu, comme les anciens ministres Martine Aubry (5e du Nord) ou Pierre Moscovici (4e du Doubs), le président de l'Assemblée nationale, Raymond Forni (1re du Territoire de Belfort). Les grands anciens, comme le maire de Montpellier, Georges Frêche (2e de l'Hérault), ou Louis Mexandeau, déboulonné dans la 2e du Calvados, et les jeunes pousses de la «génération Jospin» de 1997, tel le porte-parole du PS, Vincent Peillon (3e de la Somme) ou Marisol Touraine (3e d'Indre-et-Loire), se retrouvent côte à côte dans la galère de la défaite.
En revanche, malgré la visite du tandem Bernadette Chirac-Jean-Pierre Raffarin venu soutenir son adversaire jeudi, le premier secrétaire du PS, François Hollande, est parvenu à conserver son siège. D'autres ténors doivent leur survie électorale à un parachutage réussi, comme Jack Lang dans la 6e du Pas-de-Calais ou Elisabeth Guigou dans la 9e de Seine-Saint-Denis, une manoeuvre ratée à l'inverse par Marie-Noëlle Lienemann battue, avec son suppléant Jacques Mellick, dans la 9e du même département. PCF en sursis. Etouffés au premier tour au profit du PS par la mécanique du «vote utile», les Verts ne se sont pas refait une santé hier. De leurs 39 candidats en lice au second tour, seuls trois, Noël Mamère (3e de Gironde), Martine Billard (1re de Paris) et Yves Cochet, qui a quitté le Val-d'Oise pour le XIVe arrondissement de Paris, l'ont emporté. Leurs cinq autres députés sortants, dont Voynet (3e du Jura) et Hascoët (7e du Nord), se sont inclinés. Des anciens partenaires de la défunte gauche plurielle, c'est finalement le PCF qui s'en sort le mieux. Lessivés à la présidentielle (3,37 % des voix pour Hue), laminés au premier tour des législatives (4,91 %), les communistes réussissent cependant à sauver un groupe autonome à l'Assemblée. Forts de la bonne implantation de la plupart de leurs 35 sortants, ils parviennent à conserver plus de 20 sièges.
Seuls 37 candidats FN s'étant maintenus au second tour, les 12,5 % d'électeurs d'extrême droite se retrouvaient privés de champion dans 482 circonscriptions. Si un gros tiers de l'électorat lepéniste semble s'être réfugié dans l'abstention, une bonne moitié aurait rallié hier le camp de l'UMP, une frange suffisante pour causer la défaite de nombreux sortants socialistes. C'est le cas, par exemple, du maire de Mulhouse, Jean-Marie Bockel, battu dans la 5e circonscription du Haut-Rhin, du patron de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Michel Vauzelle (16e des Bouches-du-Rhône) ou encore de Gérard Lindeperg (1re de la Loire).
Bastion parisien. Comme aux municipales de mars 2001, Paris fait figure d'exception en s'inscrivant à contre-courant du mouvement national. La gauche, qui y disposait de neuf sortants, enlève trois nouveaux sièges: deux pour les Verts, Martine Billard et Yves Cochet, et une pour le PS, la maire du XVIIIe arrondissement, Annick Lepetit, devançant dans la 17e circonscription l'ex-directeur adjoint de la campagne présidentielle de Chirac, Patrick Stefanini. Minoritaire à l'Assemblée, la gauche devient, pour la première fois, majoritaire en sièges dans la capitale avec 12 députés sur 21. De quoi faire de Paris sa base de résistance comme elle fut, pendant 18 ans, celle de Chirac.

La campagne

La Campagne


Ina.fr - France 2, Journal de la nuit - 05/05/2002 - Réactions politiques/Législatives



Le Figaro. Le 22/04/2002

Libération - 08/06/2002 - Législatives - dispersion, piège à élections - Par Renaud DELY, Didier HASSOUX


41 millions d'électeurs appelés à départager 8446 candidats ce dimanche pour le premier tour du scrutin.
Malgré la division des deux camps, le risque de l'abstention et un FN en embuscade, la droite part favorite.

On prend les mêmes et on recommence ? Sept semaines après le premier tour de la présidentielle, 41 millions d'électeurs sont appelés aux urnes dimanche pour participer au premier tour des élections législatives. Un scrutin dont la configuration ressemble à celle du 21 avril: une multiplicité de candidatures - ils étaient 16 à prétendre à l'Elysée et sont encore 15 à concourir, en moyenne, par circonscription, contre 11 en 1997 -, une gauche et une droite qui se présentent en ordre dispersé, une extrême droite menaçante et une participation incertaine. Il y a cinq ans, l'abstention, en hausse quasi continue depuis trente ans, s'était élevée à 32,09 % des inscrits. 
Le sursaut civique de l'entre-deux-tours de la présidentielle semblant s'être essoufflé, rien ne garantit que la participation progresse considérablement dimanche. Par rapport au scrutin présidentiel, un facteur a radicalement changé: lorsque avant le premier tour, le suspense planait sur l'issue de la compétition élyséenne, la victoire semble cette fois-ci promise à la droite. Sauve-qui-peut à gauche Depuis un mois, les socialistes payent les conséquences de l'inversion du calendrier électoral décidée par Lionel Jospin. Ils n'ont pas eu le temps de se remettre de la débâcle de leur champion. 
Orphelins et dans l'impossibilité d'ouvrir dès maintenant le droit d'inventaire du jospinisme, ils ont mené une campagne très défensive dans le but à peine dissimulé de limiter les dégâts. 
Une opération «sauve-qui-peut» mise en musique avec deux instruments: une hâtive inflexion à gauche de certaines de leurs propositions et l'exhumation du danger d'un «Etat-RPR», relooké Union pour la majorité présidentielle (UMP), concentrant «tous les pouvoirs». Pas suffisant pour réveiller un débat anesthésié par la droite. Fuyant la controverse avec la gauche, Jacques Chirac, Jean-Pierre Raffarin, et leurs troupes de l'UMP se sont contentés de brandir le spectre de la cohabitation pour réclamer une «majorité claire et cohérente». Résultat de cette vraie-fausse campagne, malgré un resserrement de l'écart à l'approche de l'échéance, les sondages prédisent avec constance un large succès de l'UMP. 
En 1997, la gauche plurielle avait recueilli 44,4 % des voix, les candidats RPR, UDF et divers droite n'atteignant au total que 36,5 % des suffrages exprimés. La majorité étant fixée à 289 sièges, la gauche en avait ainsi décroché 319. Cette année, c'est entre 340 et 410 députés de droite qu'annoncent les augures sondagiers. Ceux-ci se heurtent toutefois à un vrai souci de méthode qui consiste à transformer des intentions de vote en sièges. Une difficulté accentuée par le grand nombre de circonscriptions dont le sort promet de se jouer dans une marge étroite, une évolution de deux ou trois points faisant basculer plusieurs dizaines de sièges d'un camp vers l'autre. L'inconnue du vote FN Autre élément de brouillage, l'incertitude que fait peser le FN sur l'issue de la joute. 
En 1997, avec 15,07 % des suffrages exprimés, l'extrême droite avait atteint la barre de 12,5 % des inscrits, synonyme de présence au second tour, dans 132 circonscriptions sur 577. Le FN avait ainsi participé à 76 triangulaires, et 56 duels, soit avec la droite, soit avec la gauche. Dimanche, la répétition de la performance lepéniste du 21 avril (16,86 %) permettrait au FN de se maintenir dans 237 circonscriptions. Menacés, nombre de candidats de droite pourraient être tentés de transgresser entre les deux tours les consignes anti-FN de Jacques Chirac. C'est le péril que ressassent les socialistes. 
L'UMP a donc cru bon jeudi de souhaiter que «dans un souci de clarté, seuls les deux candidats arrivés en tête du premier tour se maintiennent». L'UMP a même assuré qu'elle retirerait ses poulains arrivés au troisième rang «à l'exception des cas où le retrait conduirait à favoriser l'extrême droite». Dissidences à foison Sage précepte... qui risque de s'avérer superflu. Car plus encore qu'une abondance de triangulaires, l'émiettement des deux principaux camps risque de provoquer le 16 juin nombre de duels droite-FN ou gauche-FN. Si l'addition de l'abstention et des votes blancs et nuls atteint, par exemple, 30 % des inscrits, un candidat devra recueillir 17,85 % des suffrages exprimés pour se qualifier pour le tour final. Au vu de la multiplicité des candidatures, les prétendants arrivés en troisième position ne seront pas légion à remplir ce contrat. 
Sous une façade unitaire, l'UMP chiraco-juppéenne n'a pas en effet réussi à fédérer toutes les droites. Le Premier ministre l'a reconnu jeudi soir. Jean-Pierre Raffarin s'est inquiété de «nombreuses dissidences». Les concurrents du même camp multiplient les appellations siamoises et entretiennent la confusion. Certains se revendiquent du «soutien de Jacques Chirac», d'autres se présentent «avec la majorité présidentielle», d'autres enfin se prétendent «soutenus par le gouvernement». De plurielle à désunie De son côté, la gauche plurielle, elle, a vécu. Si elle se veut «unie», elle n'a réussi à accoucher de candidatures «uniques» destinées à échapper à une élimination dès le premier tour que dans 34 circonscriptions. Ces maigres efforts de rassemblement pourraient également sauvegarder le PCF dont la seule ambition est de réussir à sauver l'existence de son groupe à l'Assemblée, soit 20 députés. Le Pôle républicain de Jean-Pierre Chevènement brouille un peu plus les cartes en étant présent dans plus de 400 circonscriptions. 
Quant à l'extrême gauche, avec 1 280 candidats toutes obédiences confondues (LO, LCR, PT, etc.), elle espère engranger les fruits de sa percée présidentielle. Ultime conséquence de cette dispersion, les élus du premier tour, qui n'étaient déjà plus que 12 en 1997 contre 80 en 1993 et 122 en 1988, devraient être rarissimes dimanche soir. Parité oubliée Une chose est déjà sûre: parmi eux ne figurera aucune femme. Après la loi sur la parité, ce scrutin législatif devait pourtant consacrer la gente féminine. Comme la législation l'impose, un candidat sur deux devait être une femme, elles ne sont au final que 38,5 %. Les grandes formations politiques ont fait leur choix: elles préfèrent passer à la caisse plutôt que prendre un risque électoral (1). Le parti le moins «féminin» est l'UMP: moins d'un candidat sur cinq est une candidate. 
L'argent est aussi le nerf de l'engagement d'une foultitude de microformations. Car l'inflation de candidats - 8 446 pour les 575 sièges restant à pourvoir (2) - s'explique d'abord par la législation sur le financement de la vie politique. Une moitié de l'aide publique est partagée entre les formations représentées au Parlement, l'autre est répartie entre les formations alignant au moins 50 candidats. Elles sont 32 cette année, contre 23 en 1997. A chacune d'entre elles, la loi accordera environ 1,70 euro par suffrage. Nombre de petits profiteurs sont donc déjà sûrs d'être gagnants dimanche soir. (1) Les partis qui ne respectent pas la parité sont assujettis à des amendes. (2) L'Assemblée compte 577 députés. Mais les Polynésiens ont déjà élu leurs deux représentants: Michel Buillard et Béatrice Vernaudon, soutenus, l'un comme l'autre, par l'UMP.


Le Figaro - 20/05/2002 - Législatives : La bataille commence 

Le dépôt des candidatures est clos, la campagne est ouverte

Une droite qui veut transformer l'essai de la présidentielle, une gauche qui rêve de prendre sa revanche, une extrême gauche et une extrême droite qui souhaitent, une nouvelle fois, jouer les trouble-fête. Ainsi se présentent les élections législatives des 9 et 16 juin, alors que la campagne officielle s'ouvre ce matin et que le dépôt des candidatures est clos depuis hier minuit.

Les chiraquiens axent leur quête de victoire au Palais-Bourbon autour de l'action du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin et de l'Union pour la majorité présidentielle (UMP). La constitution de l'UMP est allée « au galop », pour reprendre une expression chère à Jean-Pierre Raffarin. Créée deux jours seulement après le premier tour de l'élection présidentielle, l'UMP a investi des candidats dans plus de 530 circonscriptions. Un temps réfractaire, le président de DL, Alain Madelin, s'est rallié à ce qu'il qualifiait il y a peu de « parti élyséen, unique et obligatoire ». Mais François Bayrou, convaincu que l'avenir y compris financier de sa formation est en danger, présentera ses propres listes UDF malgré les pressions.

A gauche, il a fallu parer au plus pressé après la débâcle présidentielle. Socialistes, communistes, Verts et radicaux de gauche sont parvenus à boucler un accord électoral à l'arraché aux termes duquel des candidatures communes seront menées dans 170 circonscriptions. Dans 34 d'entre elles, les quatre partis se rangeront derrière une candidature unique dès le premier tour.

A l'extrême droite, le Front national sera présent dans au moins 563 circonscriptions. Jean-Marie Le Pen, qui ne sera pas candidat, s'est fixé pour objectif d'« augmenter la portée de l'avertissement » de l'élection présidentielle.

En 1997, l'extrême droite s'était maintenue dans 132 circonscriptions, provoquant 76 triangulaires. Dans 47 cas, le candidat de gauche s'était imposé au second tour et la gauche plurielle avait obtenu la majorité à l'Assemblée nationale. A l'extrême gauche, Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire, qui ont esquissé un temps le projet de candidatures communes, iront également à la bataille chacune de son côté.





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Libération. Le 05/05/2002